«L’art du dessin permet de mieux appréhender les mystères de la peinture»
Noureddine Khayachi
Khayachi était passionné par la géographie du corps humain qui symbolise par la perfection de son architecture, l’origine mystérieuse et mystique de la création… Le nu féminin vient suggérer à Noureddine Khayachi des esquisses magnifiques. «Nu en méditation» est un dessin qui met à nu, non pas le modèle, mais Khayachi lui-même qui se révèle à nous dans sa plus délicate sensualité. De même le nu, réalisé en pastel, ne peut laisser insensible ceux qui aiment les belles choses. Nous sommes en face d’une des plus belles réalisations de Noureddine Khayachi, œuvre de beauté, de puissance, de mystère, de lumière, d’obscurité, de contraste, de séduction et de grâce.
Nue ou habillée, la femme est au cœur de son œuvre. Privé dès son plus jeune âge de la douce présence de sa mère, il a pris une revanche sur la vie en accordant à la femme la première place sur la toile. Si bien qu’elle est la clé qui permet d’accéder directement à son univers.‑
Le nu qui a tant préoccupé Khayachi, sera étudié à partir de diverses techniques : la peinture à l’huile, la peinture au couteau, le fusain, les sanguines, les dessins au crayon, le pastel, l’aquarelle et la gravure…Thème privilégié de Khayachi, le nu sera acclamé à travers les femmes voilées et dévoilées, les femmes en maternité et en situation.
A l’opposé de la toile chargée de signes et d’exubérances représentant la femme traditionnelle en besogne; le nu met en scène la femme dans sa magnifique beauté à travers la technique dépouillée du dessin… comme si la toile se déshabillait avec la femme… comme si le peintre se dépouillait de ses parures avec son modèle.
On découvre dans le dessin un Khayachi attentif à la rythmique des corps, à leur mouvance dans l’espace, à leur sensualité, à leur identité humaine. Chaque corps devient un moment de vérité et un instant de beauté à capter par le regard.
Khayachi, en véritable enchanteur, résume la vie de chacun à un trait; et à partir de ce trait, il recrée la vie.
L’expérience de tous les matériaux pour l’étude du nu permet à Khayachi d’élargir son regard et sa façon d’appréhender le visible. Il en résulte une personnalité artistique qui s’enrichit au contact de chaque nouvelle sensation et de chaque nouvelle émotion.
Il cesse pour un moment d’observer avec respect la Tunisie pour la regarder avec sensualité. Il trouve enfin, face au nu, une spontanéité, une fraîcheur et un dépouillement qui vont lui faire beaucoup de bien. Il avait besoin d’une telle détente ! En maître-d’œuvre, il met son nu à l’aise pour en extraire le choc émotionnel qui va se graver en dessin sur le papier ou en peinture sur la toile. La subtilité des positions ajoutée à la délicatesse des observations apporte un réel bien-être plastique. Seins, cuisses, fesses et autres parties du corps sont appréhendés comme une sculpture. Les proportions sont parfaites et harmonieuses. Le nu se donne dans sa vérité et dans sa beauté. Khayachi recrée le monde. Il recrée la beauté de l’être humain. Souveraine d’un univers dont elle est l’éternelle muse, la femme suggère à Khayachi ses plus belles et plus émouvantes réalisations; il a exalté de façon merveilleuse.